Cycle « Le genre au travail » : débat organisé le 8 mars autour de deux communications


Avec la notion de genre, les sciences sociales entendent rendre visibles et compréhensibles les différences entre les Hommes et les Femmes qui ne réfèrent pas au biologique. Le genre exprime ainsi la caractérisation des rapports sociaux qui prennent appui sur une différence biologique qui ne l’explique pas mais qui sert de vecteur à un processus de différenciation structuré autour d’un enjeu de domination.

Les conséquences psychiques, mentales, économiques, sociales, politiques… font l’objet aujourd’hui de nombreuses investigations, recherches, et soutiennent des programmes d’intervention nombreux aussi. La question du genre au travail est ainsi de mieux en mieux documentée, principalement du côté du poids des « rapports sociaux de sexe » en milieu professionnel. L’actualité de cette question est aujourd’hui écrasante, et la force inouïe de la parole des femmes qui la porte quasiment partout dans le monde justifie évidemment d’y revenir et de réfléchir aux perspectives nouvelles qu’elle dégage pour nous, toutes et tous.

Mais pour l’essentiel, les débats se tiennent à l’intérieur d’une définition du travail réduit à l’emploi. L’activité de travail reste le plus souvent en sourdine. Or c’est là, tout particulièrement, un enjeu important. L’activité exprime la nécessité et la capacité des personnes de faire autrement que prévu, à la fois parce qu’il se passe autre chose que prévu mais aussi parce qu’il s’y joue quelque chose de propre à soi. On peut alors penser que cette insubordination ‒ relative, certes ‒   conjuguée à cette émancipation ‒ relative, tout autant ‒ sont susceptibles de mettre le genre au travail différemment de la manière prévue par ce que le genre est censé programmer qu’il se passe. En d’autres termes, la question qui nous intéresse est de comprendre si et comment l’activité met le genre au travail, au regard à la fois de ce qu’il est censé organiser dans le registre de l’emploi et de la manière dont il façonne le rapport subjectif au monde.

Le genre n’est pas une théorie, mais principalement une catégorie de pensée, voire un concept qui permet de comprendre autrement les différences H/F. Sa valeur tient donc à sa pertinence, particulièrement pour ceux qui ont charge d’intervenir dans les organisations sur les questions de travail, pour qui la question se pose donc de savoir s’il est possible de faire du genre une catégorie d’action ‒ et alors, sous quelle forme ? ‒. Ainsi : les différences H/F au travail, puisent-elles à des différences dans leurs rapports propres au réel ? Mais celles-ci sont-elles dues à ce que les hommes et les femmes ne sont pas confrontés au même réel ? Qui serait dû à son tour au fait que ce réel se nourrit principalement de leurs rapports entre eux ? Qu’est-ce que l’activité ‒ i.e. la manière d’échapper au programme, au prescrit, d’où qu’il vienne (de la hiérarchie, du bénéficiaire, des rapports sociaux…) ‒ fait de tout ça ? Et comment la trajectoire économique du Service influence-t-elle la trajectoire de la différence de genre ?

ATEMIS ouvre ainsi un cycle de conférences pour travailler la manière dont le genre est mis au travail dans l’activité : comment il y prescrit des attendus et s’y trouve en même temps transformé à l’épreuve du réel. Et la manière de s’en saisir dans la démarche d’intervention.

Pour ouvrir ce cycle, François Hubault animera jeudi 8 mars à l’ESCP, un débat organisé autour de deux communications :

Frédérique Debout, psychologue clinicienne et docteure en psychologie, chercheure associée du laboratoire psychologie clinique, psychanalyse et psychopathologie de l’Université Paris5, membre de l’AISPDT (association internationale des spécialistes en psychodynamique du travail) et de l’équipe psychanalyse, santé et travail dirigée par C. Dejours :

Origine et destins du genre : centralité du travail et famille

et

Sandro de Gasparo, ergonome, consultant-chercheur associé ATEMIS, membre de l’équipe Ergonomie et Ecologie Humaine de l’Université Paris1 :

Le genre à l’aune de la coopération

 

La conférence dans son intégralité